mardi 20 mai 2008

"Princesse aime princesse"


Lors de mon avant-dernier passage chez Filigranes, j'avais aperçu, feuilleté et reposé cette bédé: elle paraissait très sympa, mais à 16,50 euros, je répugnais à en faire l'emplette sur une simple impression. Puis Pénélope Jolicoeur en a fait l'éloge dans son blog dimanche matin, et l'après-midi même je craquais.

Je ne l'ai pas regretté. "Princesse aime princesse" est un petit bijou de poésie décalée, à la fois grave et drôle, dans lequel on trouve pêle-mêle: une princesse de la frite aux cheveux roses qui répond au doux nom de Végétaline, une affreuse guerre civile dans un état d'Afrique noire dont seul le nom est fictif, des combinaisons de Power Rangers dotées de pouvoirs délirants, un écosystème où chaque geste sensuel se traduit par l'apparition d'une bestiole aquatique laissant un arc-en-ciel dans son sillage.

C'est une histoire de mère abusive, de réfugiés qui peinent à s'adapter à leur nouveau pays, de savants fous et de secrets industriels, mais surtout d'éveil à l'amour et à la sexualité. Le dessin faussement naïf et le scénario déjanté m'ont souvent fait penser au "Bestiaire amoureux" de Joann Sfar, et c'est un grand compliment. Un seul regret: le titre un peu maladroit qui insiste sur le caractère lesbien de la relation entre les deux héroïnes, alors qu'en fait, les sentiments évoqués sont archi-universels.