vendredi 12 septembre 2008

"Jeeves", l'intégrale


Bien que je lise énormément, j'ai tendance à me cantonner à des romans d'auteurs contemporains. Conséquence: ma culture littéraire "classique" est trouée comme une roue d'Entremont. Par exemple, malgré mon amour infini de l'humour anglais, je n'avais encore jamais ouvert la moindre aventure de Jeeves, le célèbre et inénarrable valet de chambre créé par P.G. Wodehouse. Et puis lors de ma dernière visite à la Fnac de Monpatelin, les couleurs acidulées de cet ouvrage m'ont fait de l'oeil. Depuis ma première intégrale (Sherlock Holmes ou Arsène Lupin, je ne me souviens plus), j'ai une passion pour les omnibus à la couverture agréablement souple et au papier cigarette délicieux à caresser avec l'ongle de l'index droit. Sans compter qu'ils coûtent moins cher qu'une série de romans et tiennent beaucoup moins de place dans une bibliothèque. J'ai tout de même hésité un instant. D'habitude, je lis les romans anglophones en V.O., tant qu'à faire. Un coup d'oeil au nom de la traductrice du premier tome a suffi à me convaincre: c'est une amie de JC que j'ai eu l'occasion de recontrer à plusieurs reprises et dont le travail est réputé pour son excellente qualité.

A l'heure où j'écris ces lignes, je viens juste d'attaquer le second tome et je suis totalement conquise. Mis à part la série des Stephanie Plum de Janet Evanovich (qui appartient à un tout autre genre...), je ne me souviens pas qu'un bouquin m'ait autant fait rire et sourire. Les aventures de Jeeves sont narrées par son maître, Bertram Wooster, un jeune oisif de la bonne société londonienne que son caractère faible et sa cervelle de moineau poussent très souvent à se mettre dans des situations aussi loufoques qu'inconfortables. Chaque fois, son valet lui sauve la mise avec une présence d'esprit qui n'a d'égale que son flegme tout britannique. Ils sont entourés par une galerie de personnages secondaires savoureux tels que le jeune Little, ami d'enfance de Bertie et coeur d'artichaut incorrigible, la redoutable tante Agathe ou les turbulents jumeaux Claude et Eustache. Un petit extrait pour vous mettre l'eau à la bouche:

"Mon existence entière semblait placée sous les meilleurs auspices: à trois reprises, des chevaux sur lesquels je m'étais trouvé investir des sommes non négligeables avaient gagné avec plusieurs longueurs d'avance au lieu de s'installer sur la pelouse pour regarder passer leurs copains, conformément à l'usage en vigueur parmi la gent chevaline sitôt que je décide de faire un placement sur l'un de ses représentants.
"En outre, le thermomètre ne cessait de grimper, atteignant des degrés inédits dans l'histoire de la thermométrie; mes chaussettes neuves étaient universellement reconnues comme étant juste du genre qu'une mère eût pu confectionner, et, brochant sur le tout, ma tante Agathe avait décidé de se consacrer provisoirement à la persécution du bon peuple de France, renonçant, pour une pièce de six semaines au moins, à s'occuper de mon cas personnel."

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