jeudi 23 février 2012

"American Fuji"



Alexander Thorn, psychologue et auteur d'un livre sur l'échec amoureux, se rend au Japon pour y donner une série de conférences. Il espère en profiter pour élucider le mystère de la disparition de son fils Cody. Un an auparavant, le jeune homme qui étudiait à l'université de Shizuyama a été victime d'un accident mortel. La société de pompes funèbres Gone with the Wind a renvoyé son corps aux Etats-Unis mais... sans le coeur, soigneusement prélevé alors que Cody était bouddhiste et donc opposé au don d'organes.

Gaby Stanton, une expatriée américaine installée au Japon depuis 5 ans, fut autrefois le professeur de Cody. Licenciée pour des raisons que personne n'a daigné lui expliquer, elle a retrouvé un emploi de vendeuse d'obsèques de rêve chez Gone with the Wind. Gaby est affligée d'une maladie gênante qui handicape sa vie sociale et l'empêche d'avoir des relations amoureuses. A contrecoeur, elle va unir sa solitude à celle d'Alex pour l'aider dans sa quête...

J'ai eu du mal à entrer dans ce livre. L'atmosphère des 50 premières pages est assez déprimante. Incapable de communiquer avec les gens qui l'entourent, Alex se montre complètement déboussolé par les moeurs nippones, tandis que Gaby, même si elle préfère vivre au Japon plutôt que de rentrer aux Etats-Unis, ne semble pas mener une vie très heureuse ni très épanouissante. Je trouvais que l'auteur portait un jugement bien sévère sur ce pays où elle a vécu plusieurs années, et cela me heurtait. Puis j'ai compris qu'il ne s'agissait pas de critiquer la culture japonaise, mais plutôt de mettre en évidence l'abîme qui sépare l'Orient de l'Occident, et surtout le décalage permanent dans lequel vivent les expatriés - plus vraiment chez eux dans leur pays d'origine, éternellement considérés comme des étrangers dans leur pays d'adoption.

Je connaissais déjà la plupart des coutumes, des comportements et des modes de pensée évoqués par Sara Backer, mais j'ai fini par apprécier l'analyse approfondie et nuancée à laquelle elle se livrait. Et même si je ne me suis pas attachée à ses personnages, elle a réussi à me tenir en haleine avec leur quête de vérité qui se heurte à la loi du silence japonaise. Si vous avez aimé "Lost in translation" pas seulement pour la plastique de Scarlett Johansson et le charme droopyesque de Bill Murray, "American Fuji" (ou sa traduction française "Fuji nostalgie") pourrait bien vous plaire aussi.

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