mercredi 13 mars 2013

"Polina"


Ce long roman graphique de Bastien Vivès suit l'évolution d'une jeune danseuse depuis le moment où, âgée de six ans, elle intègre une prestigieuse école de ballet. Elle y rencontre son mentor, le professeur Bojinski, réputé pour son classicisme et pour une sévérité qui a déjà poussé bien de ses élèves à s'en aller en claquant la porte. Plus tard, nous la voyons changer d'école, puis prendre un tournant décisif en rejoignant avec son petit ami une troupe avant-gardiste...

Au premier abord, j'ai eu du mal à accrocher sur les dessins en noir et blanc minimalistes et le trait comme tremblé de l'auteur. Petit à petit, l'impression d'inachèvement s'est effacée, et je me suis mise à trouver qu'au contraire, le dépouillement du graphisme servait la sensibilité de l'histoire. A travers le parcours de son héroïne Polina, Bastien Vivès parle des rapports très forts qui peuvent exister entre un professeur et son élève, mais aussi de l'opposition entre tradition et modernité dans l'art. Ses personnages ne sont guère bavards, et l'auteur suggère leurs sentiments plus qu'il ne les expose. Pendant les trois premiers quarts du récit, je me suis demandé qui était vraiment Polina et pourquoi elle dansait, et j'avoue que cela m'a un peu gênée. Mais j'ai aimé la façon dont elle finit par se révéler quand elle part en Allemagne, et que de juste butée elle devient volontaire et passionnée. La conclusion, à la fois nostalgique et résolument tournée vers l'avenir, est l'une des plus jolies que j'aie vue en bande dessinée. Seul petit regret: les bonds dans le temps, quand il s'écoule plusieurs années entre une page et la suivante, auraient gagné à être marqués de façon plus explicite. Mais globalement, "Polina" reste une belle découverte, et un album qui mérite bien les prix qu'il a récoltés.

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