mercredi 18 septembre 2013

"Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage"


"On n'est jamais mieux servi que par soi-même. Lorsque son ex-femme Geraldine disparaît, Ethelred décide de mettre à profit ses talents de détective pour la retrouver. Petit problème: les connaissances en criminalité d'Ethelred, écrivain professionnel, proviennent de romans policiers tout droit sortis de son imagination qui, depuis un moment, s'est elle aussi volatilisée. Quoi de mieux, pour retrouver l'inspiration, qu'une enquête grandeur nature? De fausses pistes en révélations renversantes, la réalité dépasse de loin la fiction..." 

Ce petit bouquin à la couverture rétro et au titre à rallonge m'a immédiatement inspiré un mélange de curiosité et de méfiance. Il m'a suffi de parcourir ses trois premières pages pour savoir que j'allais beaucoup l'aimer. L'histoire est narrée tour à tour par Ethelred Tressider, personnage un peu fallot sauvé par son humour typiquement anglais, et Elsie Thirkettle, son agent littéraire aux tenues extravagantes et au franc-parler réjouissant. 

"Elle est aussi très honnête dans ses critiques.
- C'est de la merde.
- Tu pourrais être un peu plus précise? 
- C'est de la merde de chien. 
- Je vois, répondis-je en tripotant le manuscrit posé sur la table entre nous. 
C'était seulement le premier jet de quelques chapitres, mais j'avais espéré qu'ils seraient universellement salués comme un chef-d'oeuvre. 
- Laisse le polar littéraire à Barbara Vine, nom d'une pipe. Ce n'est pas ton truc. Ou, si tu préfères, elle sait y faire, pas toi. C'est suffisamment précis à ton goût, ou tu veux que je te le brode au point de croix sur un cache-théière?"

Accro au chocolat et épouvantablement sans-gêne, Elsie m'a fait hurler de rire d'un bout à l'autre de cette enquête dans laquelle elle s'incruste sans qu'Ethelred parvienne à la déloger. Il n'y a qu'une seule personne au monde qu'elle aime moins que les auteurs, et c'est justement Geraldine, qu'elle surnomme "la Salope". Si j'avais la place et si je ne craignais pas de vous spoiler, je vous citerais l'intégralité de ses répliques tant je les trouve savoureuses.

Quant à l'enquête à proprement parler... La grosse ficelle m'est apparue dès les premiers chapitres, sans doute parce qu'à cause de mon métier, j'ai l'habitude de faire très attention au choix des mots employés (ou pas) par un auteur. Il me semble que tous les amateurs de romans policiers devineront rapidement de quoi il retourne. Mais même privée de suspens, j'ai pris un énorme plaisir à dévorer cet "Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage" quasiment d'une traite: il est drôle, bien traduit, et égratigne la profession littéraire d'une façon que j'ai trouvée tout à fait jubilatoire.

Les aventures d'Ethelred se poursuivent dès demain dans "Homicides multiples dans une auberge miteuse des bords de Loire". Pourvu qu'Elsie soit toujours de la partie!

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