mercredi 25 juin 2014

"Les gens heureux lisent et boivent du café"


Exceptionnellement, aujourd'hui, je n'avais rien emporté à lire dans le train. Je suis donc passée au Relay de la gare où, moyennant une poignée d'euros, j'ai acheté un roman de littérature populaire qui avait connu un joli succès l'an dernier. Je me disais que même si ça n'était pas inoubliable, ça me ferait sans doute passer un bon moment. Grosse erreur. "Les gens heureux lisent et boivent du café" restera certainement dans mes annales personnelles comme le plus mauvais bouquin qui me sera passé entre mes mains en 2014. Avec le même sujet (une femme en deuil qui reprend goût à la vie et à l'amour en Irlande), quelqu'un comme Maeve Binchy aurait pondu un roman-doudou plein de chaleur humaine, de personnages bienveillants dont on a envie de se faire des amis; elle aurait su créer une atmosphère délicieusement gaélique et faire habilement cheminer son héroïne de la douleur à l'espoir retrouvé. Là, c'est atroce. Entre une héroïne insipide, un héros antipathique au possible et des personnages secondaires archi-caricaturaux, pas un seul protagoniste attachant ou même vaguement crédible. De l'Irlande, on saura juste que les gens y sont très directs, que la météo change en un clin d'oeil et que dans les pubs, on paie les consommations à la commande. Les dialogues sonnent faux; l'histoire est archi-prévisible et le style d'une platitude effarante. Bref, on n'y croit pas une seconde et on s'emmerde copieusement. Ne vous infligez pas ça.

lundi 23 juin 2014

"Toujours avec toi"


Photographe célèbre, Inga a perdu le goût de vivre depuis la mort brutale de son mari. Elle se réfugie dans la maison familiale de Marstrand, pleine de tant de souvenirs. Dans la remise, elle découvre un carton contenant des coupures de journaux sur la Première Guerre Mondiale, ainsi qu'une lettre qui semble avoir été écrite à sa grand-mère par une amie très proche devenue missionnaire en Afrique à la même période. L'expéditrice, nommée Lea, fait allusion à un secret que partageaient les deux jeunes femmes, une nuit où elles ont "condamné morts et vivants". Intriguée, Inga tente de reconstituer l'histoire de son aïeule...

Je cherchais désespérément à retrouver mon mojo littéraire enfui depuis un bon mois lorsque je suis tombée sur ce roman de Maria Ernestam dont j'avais adoré "Les oreilles de Buster". J'ai un faible pour les secrets de famille, et surtout pour l'écriture subtile de cette auteure suédoise qui sait si bien susciter l'empathie envers ses personnages. Tout de suite, j'ai été happée par ce récit à deux voix: celle d'Inga en 2007, et celle de sa grand-mère Rakel qui, à l'orée de la mort en 1959, égrène ses souvenirs avec une lucidité et une franchise sans concession. Il est beaucoup question de condition féminine en Europe au début du XXème siècle (et ça fait un peu froid dans le dos...), des privations générées par la guerre et du marché noir qui en découle, mais aussi et surtout des formes multiples que l'amour peut revêtir. Bien que "Toujours avec toi" ne soit pas du tout un thriller, son histoire forte et émouvante m'a tenue en haleine jusqu'à une fin dans laquelle point la juste dose d'apaisement et d'espoir retrouvé. Un roman passionnant.

samedi 7 juin 2014

"French milk"


Après la lecture de "Délices", que j'avais beaucoup aimé malgré un dessin quelconque et une colorisation fâcheuse, je me suis jetée sur "French Milk", autre récit autobiographique de Lucy Knisley non traduit en français celui-là. Paru en 2007, il raconte le mois que l'auteure passa à Paris avec sa mère pour célébrer respectivement leur 22ème et leur 50ème anniversaires. Surprise: ici, les dessins sont en noir et blanc, beaucoup plus agréables à l'oeil (de mon point de vue). S'y mêlent des photos également en noir et blanc prises par Lucy Knisley durant son séjour.

En tant que journal de voyage, et vu que je connais bien Paris, j'avoue que "French milk" ne m'a pas spécialement vendu du rêve. Par contre, c'est toujours amusant de voir la réaction des Américains face à certaines différences culturelles, notamment - mais pas que - dans l'alimentation. Lucy Knisley était encore très jeune au moment où elle a rédigé "French milk", et ça se sent: je n'y ai pas trouvé le recul ou la faculté d'analyse dont elle fait preuve dans "Délices". Au lieu de ça, la jeune femme pas encore diplômée de sa prestigieuse école d'art s'inquiète pour son avenir et passe son temps à râler sur tout et rien (un effort d'adaptation réussi à la culture française!). J'ai tout de même lu "French milk" avec un plaisir certain.



mercredi 4 juin 2014

"Délices, ma vie en cuisine"


Lucy Knisley grandit dans une famille de gourmets. Jusque vers 7 ans, elle vit à New York où sa mère travaille successivement chez le célèbre traiteur Dean & Deluca, puis dans les cuisines d'un grand restaurant. Après le divorce de ses parents, elle déménage à la campagne où elle découvre que la nourriture ne pousse pas sur les étagères des magasins. Très vite, sa mère crée un marché local, et la jeune Lucy enchaîne les petits boulots touchant à l'alimentaire: cueillette de fruits, livraison de produits de la ferme, service pendant des réceptions... C'est une gourmande qui cuisine de façon presque boulimique et qui, paradoxalement, adore la junk food au grand désespoir de ses parents. Son rapport à la nourriture est sain et joyeux, entre plaisir solitaire et convivialité. 

Dans "Délices", elle raconte plusieurs épisodes formateurs de sa jeunesse, tous intimement liés à la bonne bouffe - et parfois aussi au voyage, pour mon plus grand plaisir. Si son récit savoureusement intime ne pouvait que me séduire, j'ai en revanche eu beaucoup, beaucoup de mal avec ses dessins au trait atrocement quelconque et aux couleurs moches toujours traitées en à-plats: sur les pages "recettes" ou "trucs de cuisine", ça passe plus ou moins; sur les pages de bédé pure, ça heurte vraiment ma sensibilité esthétique. Malgré ça, j'ai dévoré "Délices" et, sitôt que je l'ai fini, je me suis empressée de commander "French Milk", autre oeuvre autobiographique encore non traduite dans laquelle l'auteure raconte sa découverte de Paris et de la cuisine française. Je vous en reparlerai sûrement après l'avoir lu.