lundi 28 septembre 2015

"Les équinoxes"


Quatre ans après l'émouvant "Portugal" qui avait été primé à Angoulême, Cyril Pedrosa revient avec un autre album énorme chez Aire Libre. Découpé en quatre saisons, "Les équinoxes" met en scène des gens ordinaires qui tous à leur façon s'interrogent sur le sens de la vie. Louis a rendu sa carte du Parti en 1968 et perdu autrefois un fils âgé de 11 ans. Sa femme l'a quitté. Aujourd'hui, il vit seul avec ses livres et, parfois, quelqu'un de passage qui a besoin d'être hébergé. Vincent, orthodontiste, est séparé de sa femme Christine. Il habite une somptueuse maison d'architecte au bord de la mer, enchaîne les dîners ennuyeux à mourir et peine à comprendre Pauline, sa fille de 14 ans. Camille, trentenaire à la dérive, sert de fil rouge au récit en photographiant les gens qu'elle croise - et lorsqu'elle les saisit dans son objectif, nous entendons leurs pensées l'espace d'une, deux, trois pages de prose. Un ado mal dans sa peau, un sans domicile fixe, un conducteur de tractopelle bientôt à la retraite, une secrétaire d'Etat que tout le monde aime détester... Leurs trajectoires s'entrecroisent autour de la construction décriée d'un aéroport, jusqu'à ce que celle-ci aboutisse à une étonnante découverte et que l'on comprenne enfin la raison d'être des petits interludes au début de chaque partie. Graphiquement, "Les équinoxes" est splendide, ses couleurs sourdes et son atmosphère crépusculaire soulignant la solitude de ses personnages et la mélancolie de son propos - un album d'une grande maturité artistique et humaine. Vraiment, je ne peux que vous le recommander.



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