dimanche 28 février 2016

"Sur les ailes du monde, Audubon" (Fabien Grolleau / Jérémie Royer)


Au début du XIXème siècle, le Français Jean-Jacques Audubon, rebaptisé John James depuis qu'il s'est installé aux Etats-Unis, est un homme heureux en ménage mais malheureux en affaires. Quand la scierie dans laquelle il a investi fait faillite et qu'il perd quasiment tout ce qu'il possède, sa compréhensive épouse Lucy l'incite à accomplir son véritable destin: arpenter le pays en dessinant les oiseaux pour l'observation desquels il éprouve une passion dévorante. Son expédition mouvementée durera des années, et à la fin, Audubon se heurtera au mépris de la communauté scientifique américaine qui estimera ses travaux trop artistiques. Il devra se rendre en Angleterre pour que son génie soit enfin reconnu à sa juste valeur...

Biographie romancée, "Sur les Ailes du monde, Audubon" s'appuie sur les carnets de notes du célèbre naturaliste pour mettre en scène des passages marquants de sa vie, tout en prenant certaines libertés narratives signalées en fin d'ouvrage. Il est assez frappant de constater le tournant que représenta son époque dans la vie du continent américain, la déforestation sauvage qui entraîna un appauvrissement terrible de la faune (et de la flore, je présume) couplée avec la déchéance des populations indigènes. En lisant, je n'ai pu m'empêcher de penser que la fin du monde avait commencé depuis bien longtemps, même si elle s'accélère depuis quelques décennies... Mais il ne s'agit là que de la toile de fond sur laquelle évolue Audubon, personnage hallucinant de passion aveugle et de dévouement à son art auquel il sacrifia sa famille pendant une grande partie de sa vie. Si on pourrait le taxer d'égoïsme crasse, il est sauvé par son émerveillement sincère face à la nature et son talent pour la restituer d'une façon unique. Aujourd'hui encore, il est considéré comme l'un des pères fondateurs de l'écologie. Fabien Grolleau et Jérémie Royer lui rendent ici un hommage aussi mérité que plaisant à lire.




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