mardi 15 mars 2016

"Ma fugue chez moi" (Coline Pierré)


Sa mère climatologue va encore passer Noël loin de chez elle, dans une station au fin fond de la Norvège. Non contente de l'avoir laissée tomber, son ex-meilleure amie s'est mise à la harceler au collège. Alors, Anouk décide de fuguer. Mais très vite, elle se rend compte qu'il ne va pas être facile pour une fille de 14 ans de trouver un endroit chaud et sûr où passer la nuit. Alors, elle a une idée: sans rien dire à personne, elle va s'installer dans le grenier de sa propre maison...

Si c'est la très belle photo de couverture qui a attiré mon attention sur la table des nouveautés jeunesse chez Brüsel, je dois avouer que le contenu m'a emballée encore davantage.  Combien de fois ai-je moi aussi rêvé de mener une existence d'ermite avec juste des livres et de quoi me nourrir? Bien qu'elle n'aie pas de problème majeur, Anouk éprouve le besoin de s'isoler pour faire le point. Son amour pour le banjo, sa relation avec sa petite soeur Bena, la façon dont elle organise et raconte son quotidien d'occupante clandestine - tout m'a ravie dans ce court roman qui se dévore d'une traite. Une jolie histoire réconfortante pour ado mal dans sa peau et ayant parfois envie de fuir sa propre vie.

"Les maisons sont les lieux fantômes de nos existences. Elles sont là, immuable,s presque éternelles. Tant qu'on ne vit pas dans un pays en guerre, on peut quitter sa maison confiant, en sachant qu'on la retrouvera en rentrant. J'ai toujours aimé imaginer qu'il s'y passait des choses mystérieuses et fabuleuses en notre absence, que les meubles se mettaient à bouger, que la vaisselle dansait, que les livres papotaient ensemble. Mais maintenant que je vois l'envers du décor, je constate que la vie intérieure de la maison est aussi insignifiante que celle de beaucoup de collégiens. Tout l'après-midi, je lis, je dessine, je joue du banjo, j'écris une chanson qui parle de grenier, je regarde des séries en streaming. Une belle sensation m'envahit: je rattrape du temps perdu. C'est à ça que doit ressembler le quotidien. Personne ne sait mieux que nous ce qu'on a envie de faire de nos journées alors pourquoi confier ça à quelqu'un d'autre, une école, un employeur? Je me demande parfois à quoi servent les autres. On est si bien tout seul." 

"Peu importe où on se trouve, ce qui rend la vie palpitante, c'est ce qui se passe dans notre tête. Tout peut devenir une aventure, même l'immobilité et la solitude." 

"J'ai compris quelque chose sur notre famille: d'une manière ou d'une autre, nous sommes tous des fugueurs. Ma mère s'est enfuie en Norvège, mon père s'échappe dans son travail et ses boîtes, et ma soeur fuit dans ses cours de danse. L'humanité tout entière passe son temps à s'enfuir. Je crois que c'est le cours normal des choses."

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